LE TELESCOPE HUBBLE

Sujet : Neptune et  Mars

hubble.jpg (46322 octets)Le télescope spatial Hubble vient de prendre une série de photographies des vents quasi-supersoniques et des tempêtes qui secouent l'atmosphère de Neptune et font de cette planète géante l'une des plus agitées de notre système solaire.

En combinant plusieurs clichés pris par Hubble et le télescope à infrarouge de la NASA à Mauna Kea (Hawaï), l'équipe de Lawrence Sromovsky, de l'université du Wisconsin à Madison, est parvenue à reconstituer un film unique des perturbations météorologiques de Neptune.

Hubble s'est également penché sur le sort des grandes zones sombres étalées au dessus de Neptune, que les spécialistes considèrent comme des tempêtes dont les vents soufflent allègrement à plus de 1.400 km/h. En 1989, Voyager en avait repéré une dont la taille approchait celle de la Terre (dont le diamètre dépasse 12.700 km). Cinq ans plus tard, Hubble avait remarqué que cette "Grande tache sombre" avait cédé la place à une autre, beaucoup plus petite. Selon les chercheurs, les nouvelles images de Hubble confirment la dynamique exceptionnelle de la météo sur Neptune. "Neptune nous apparaît différente depuis le passage de Voyager", a relevé l'astronome. Reste à découvrir le moteur des variations climatiques neptuniennes. Car si sur Terre la machine météo est alimentée par la chaleur du Soleil, les scientifiques n'ont pas encore compris comment l'était celle de Neptune, où le Soleil est 900 fois moins lumineux que sur notre planète.

DE L'EAU DANS LE COSMOS

Source : Québec science

Notre Système solaire n'est pas le désert stérile que l'on croyait. Au contraire, il regorgerait d'eau. Il suffit de chercher au bon endroit ! par Vincent Sicotte

De l'eau, il y a de l'eau partout ! Si l'on se fie aux données du Infrared Space Observatory , ce satellite européen qui a rendu l'âme en avril dernier, notre Système solaire possède d'immenses ressources en eau. En seulement deux ans et demi, ISO aura contribué à bouleverser notre conception d'un Univers stérile, froid... et sec.

La Terre est sans doute l'un des rares endroits de tout le Système solaire où l'eau existe sous forme liquide à la surface puisque la température et la pression sont idéales. " Mais en cherchant bien, on peut trouver de l'eau dans plusieurs endroits très étranges ", indique Stephen Clifford, du Lunar and Planetary Institute de la NASA.

Ainsi, en mars dernier, la NASA annonçait la présence de glace sur notre satellite.

La petite sonde Lunar Prospector, qui cartographie actuellement la surface lunaire, a détecté un signal faible, quoique irréfutable,indiquant que de 0,3 % à 1 % de glace était mêlée à la poussière du sol lunaire, aux deux pôles de la Lune.     Étonnant ?         

 Sur Mars, la pression n'atteint même pas 1 % de la pression atmosphérique terrestre.Cette mince atmosphère n'a pas pu provoquer d'effet de serre comme sur la Terre ou sur Vénus, de sorte que la température moyenne y est de -60 °C.

" Autrefois, dit Stephen Clifford, l'eau y était probablement abondante, car les signes d'érosion sont nombreux. " Des canyons, des vallées sinueuses, des lits de rivières asséchées ponctuent maintenant le paysage martien. Ces fameux " canaux " ont d'ailleurs nourri l'imaginaire des écrivains et des scientifiques pendant longtemps. Au tournant du siècle, l'Américain Percival Lowell, le plus ardent canaliste,décrivait ces canaux comme un système artificiel amenant l'eau des calottes glaciaires aux Martiens assoiffés des plaines désertiques...

Aujourd'hui, grâce aux missions américaines Viking en 1976, Pathfinder en 1997 et Mars Global Surveyor,actuellement en orbite, on en sait un peu plus. Les clichés pris sur le terrain ont révélé des dépôts alluvionnaires et des îlots en forme de larme, orientés dans le sens de la pente du terrain, signes indéniables de la présence d'un élément liquide. On croit que l'époque " humide " de Mars fut de courte durée et qu'elle remonte à la prime jeunesse de la planète. Les canaux d'érosion auraient été créés il y a près de 4 milliards d'années, alors que Mars n'était encore qu'un poupon de 500 millions d'années.

Et toute cette eau aurait disparu ?

" Nous croyons que la majeure partie est toujours là, sous la surface ", dit Stephen Clifford.Sous forme de glace mêlée aux minéraux et peut-être sous forme liquide, à des profondeurs plus importantes, là où règne une certaine chaleur.

Les calottes glaciaires, situées aux deux pôles, contiennent aussi des quantités importantes d'eau et de gaz carbonique gelés de même que l'atmosphère, sous forme de cristaux de glace. D'après le chercheur, l'eau de ces divers réservoirs correspondrait à une couche de 500 à 1 000 mètres d'épaisseur si elle était répandue uniformément sur la surface martienne.

Passé Mars, les prochains points d'eau se trouvent sur Cezanne, Zappafrank, Mr. Spock et leurs très nombreux compagnons de la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Ce véritable billard cosmique compte des centaines de milliers d'astéroïdes, dont la masse cumulée est pourtant inférieure à celle de la Lune. On connaît bien les plus gros, dont Cérès (933 km de diamètre) et 26 autres possédant un diamètre de plus de 200 km.

Cependant, la plupart sont petits - il font environ un kilomètre de diamètre - et sont invisibles de la Terre. Il s'agit probablement de " déchets " de la formation du Système solaire qui n'ont pas pu s'agglomérer en planète. Les plus éloignés du Soleil, près de Jupiter, ont pu conserver un peu d'eau mêlée au minéral (produisant des argiles), mais aussi quelques molécules d'eau primordiale gelée. " Cela nous indique que l'eau était présente dans la Nébuleuse dès le début ", précise Stephen Clifford.

Un monde fascinant et très différent apparaît après la ceinture d'astéroïdes : celui des planètes géantes. Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune sont d'énormes boules de gaz (de 4 à 12 fois plus grosses que la Terre), composées principalement d'hydrogène et d'hélium, mais aussi d'eau, de méthane et d'ammoniac.Ces planètes n'ont pas de surface solide, les gaz qui les composent sont simplement de plus en plus denses à mesure qu'on approche de l'important noyau de roches fondues. Elles sont toutes entourées d'anneaux et d'un cortège de satellites.

Pourquoi ces planètes sont-elles si différentes ?

" Principalement en raison de la température ", dit Stephen Clifford.Les substances très volatiles (eau, méthane, ammoniac, etc.) ont été chassées des environs immédiats du Soleil vers les régions extérieures, plus froides, de la Nébuleuse solaire. On suppose également que le noyau massif des géantes gazeuses a pu capturer de grands nuages d'hydrogène et d'hélium, ce que les petites planètes de type terrestre n'ont pas réussi à faire. Et leurs satellites ? Ils sont généralement constitués d'un mélange de matériau rocheux et de diverses glaces (d'ammoniac, de méthane,mais surtout d'eau). Plusieurs contiennent d'ailleurs près de 50 % de glace d'eau et certains, davantage. Seulement 5 lunes sur 60 ont une atmosphère détectable.

" Les interactions très variées avec la planète mère ont eu une influence déterminante sur l'évolution de ces satellites en général et sur leur capacité à retenir l'eau en particulier ", explique Stephen Clifford.

Grâce aux observations du satellite ISO, on peut poursuivre encore plus loin notre quête d'eau. " ISO a trouvé de l'eau dans toutes les classes d'objets, dit Martin Kessler, de la Station de suivi des satellites de l'Agence spatiale européenne, à Villafranca, en Espagne. Et nous sommes surpris de voir à quel point cela a été facile !".

Il en a d'abord trouvé dans l'espace ! Des cristaux de glace voguent à la dérive dans le milieu interstellaire froid, mais aussi dans les nuages moléculaires situés dans les bras spiraux de notre Galaxie. Il y en a aussi, à des concentrations plus élevées, autour des étoiles mortes, dans les rémanents de supernova de même que dans les régions de formation d'étoiles, sous forme de vapeur cette fois.Et il y en a encore à l'extérieur de notre Galaxie, dans la galaxie active Arp 220, par exemple, qui se trouve à 250 millions d'années-lumière de nous, dans la constellation du Serpent.

Mais la plus spectaculaire découverte s'est faite dans la nébuleuse d'Orion. Dans cette région de formation d'étoiles, située à 1 500 années-lumière de la Terre, on a détecté de la vapeur d'eau dans les nuages moléculaires se trouvant autour des jeunes étoiles en formation. On suppose que l'onde de choc, causée par l'effondrement du nuage de gaz en étoile, comprime et chauffe suffisamment l'oxygène présent dans le gaz interstellaire pour créer de la vapeur d'eau. " On voit de l'eau se former à un rythme absolument phénoménal ! ", dit Martin Kessler. En fait, cette source générerait en une journée assez de molécules d'eau pour remplir 60 fois les océans de la Terre !

" L'eau présente dans le Système solaire a probablement été produite dans une 'usine à vapeur d'eau' comme Orion ", explique David Neufeld, membre de l'équipe ISO. En s'éloignant de la source de chaleur, la vapeur d'eau refroidit, puis gèle en petits grains de glace,capturant quelques poussières au passage. Progressivement, un nuage de poussières et de grains de glace se forme et, s'il est assez massif, se comprime en forme de disque en tournant de plus en plus vite. Les grains se condensent par attraction gravitationnelle pour former éventuellement des planétoïdes, qui s'aggloméreront à leur tour pour former les planètes d'un système comme le nôtre.

Et comment explique-t-on les océans à la surface de la Terre ? À mesure que la matièrede la Nébuleuse solaire se condense et s'amalgame, elle se réchauffe en raison des chocs physiques ou, plus tard, de la désintégration d'éléments radioactifs au sein des planètes. Les gaz légers et la vapeur d'eau sont ainsi libérés et trouvent leur chemin jusqu'à la surface par dégazage, par la voie des éruptions volcaniques. Si la gravité de la planète est suffisante, ces gaz peuvent constituer une atmosphère plus ou moins épaisse. Finalement, si la température et la pression sur la planète sont appropriées, la vapeur d'eau peut se condenser et former des océans.

" Une partie importante de l'eau sur les planètes provient des comètes ", ajoute Stephen Clifford. Les collisions avec des comètes ou des astéroïdes étaient beaucoup plus fréquentes durant la jeunesse du Système solaire. La fameuse collision de la comète Shoemaker-Levy 9 avec Jupiter, en juillet 1994, fut la énième édition d'un événement jadis courant : la surface de la Lune, par exemple, témoignera éternellement de cette époque tumultueuse. " Il y a toujours un débat sur la proportion d'eau apportée par les impacts cométaires et celle obtenue par dégazage, souligne le chercheur.

Mais il est certain que les deux processus ont eu lieu. " Mais qu'est-ce que les chercheurs lui trouvent donc à cette petite molécule pour consacrer autant d'efforts à la chercher ?

" L'eau est d'abord étudiée parce qu'elle joue un rôle important dans les réactions physiques ", explique Martin Kessler. Par exemple, dans les régions de formation d'étoiles comme Orion, là où la poussière abondante bloque la radiation, l'eau sert de voie d'évacuation à cette énergie, ce qui permet au processus de formation d'étoiles de se poursuivre. L'eau est aussi une bonne sonde pour étudier les réactions chimiques et physiques qui ont lieu à basse température.

Mais l'eau, c'est aussi la vie. L'eau sous forme liquide est un solvant qui facilite les réactions biochimiques propres à la vie, permettant l'élimination des déchets et l'approvisionnement en substances vitales.

Les exobiologistes considèrent l'eau liquide comme nécessaire à l'émergence de la vie. En somme, pour trouver la vie dans l'Univers,il faut suivre la piste de l'eau. Mais, pour cela, il faudra attendre la prochaine génération de télescopes, qui nous permettra d'étudier les planètes extrasolaires.

Le plus ambitieux de ces télescopes, le Terrestrial Planet Finder, est un monumental interféromètre en orbite, qui sera mis en chantier vers 2005. Grand comme un terrain de football, il sera constitué de quatre grands miroirs précisément alignés, grâce auxquels la lumière aveuglante de l'étoile pourra être annulée, ce qui permettra de capter la très faible lumière infrarouge d'éventuelles planètes. L'étude systématique des quelques centaines d'étoiles les plus proches, de leur " zone habitable " plus précisément, pourrait révéler plusieurs planètes au climat tempéré. On cherchera alors la signature de la vie dans la lumière infrarouge émise par ces planètes : des molécules d'eau, de bioxyde de carbone et d'ozone (un signe d'oxygène abondant).

" On le sait maintenant : l'eau est partout dans l'Univers. Il suffisait seulement de bien regarder ! " dit Martin Kessler à propos de la mission ISO. En serait-il de même pour la vie ?