Le 5 Août 1976, la sonde Viking 2, partie de cap Canaveral le 9 septembre 1975, photographie de 419 000 kilomètres la planète rouge sur laquelle sa sœur, Viking 1, s'est posée le 20 juillet dans la région de Chryse Planitia.
Elle-même atterrira le 3 septembre près d'Utopia Planitia.

Par souci d'hygiène, les deux Américains ont été stérilisés pour ne pas contaminer d'hypothétiques petits hommes. Précaution inutile, les robots gelés auront beau gratter le sol, ils n'en soutireront pas le moindre germe de vie, même microscopique. C'est qu'il fait drôlement frisquet sur Mars à 113 °C la nuit, - 98 °C la journée, radoucissement propice à une amorce de dégivrage. Des conditions climatiques déplorables, mais il en faut plus, en ces temps d'utopie, pour refroidir les ardeurs colonisatrices.

Les projets s'amoncellent. Sur la foi des données recueillies par les Viking, Thomas Meyer, chimiste associé au groupe d'étude de Mars de l'Université de Colorado, soutient qu'en comprimant 900 mètres cube d'atmosphère martienne on en tirera 500 grammes d'eau. Coût : pas plus cher qu'une bouteille d'eau minérale sur terre, pour peu que l'on dispose d'une turbine à énergie solaire. Penelope Boston, de son côté, calcule qu'en chauffant cent kilos de régolithe
(sol martien), on obtiendrait un kilo H²O. Véritable fée du logis, elle pense à tout. Pour ensemencer la planète, elle propose d'y exporter algues et bactéries.

Etape suivante: implantation de serres en structures gonflables à basse pression, dans lesquelles les colons cultiveront des légumes. Les experts recommandent de laver le sol des matières toxiques qui pourront servir à produire de l'acide sulfurique, du ciment, du gypse, du verre, des métaux. Bref, tout ce qu'il faut pour lancer l'industrie. La première ville martienne doit être inaugurée vers 2030-2050. La lune n'est pas laissée pour compte. Les héros, qui ont de l'étoffe, lorgnent sur ses richesses.

L'administrateur de la NASA, James Begg, ne mâche pas ses mots: "je suis convaincu qu'avant même la fin de la première décennie du siècle prochain nous retournerons sur la Lune ", déclare-t il en octobre 1984. La première base sélénite industrielle doit ouvrir en 2020. Mais les ambitions ne s'arrêtent pas au satellite, à la planète rouge, ni même au système solaire. Un vol non habité frayera la voie entre 2045 et 2060. Les départs des colons vers les étoiles sont programmés vers 2130-2200, et l'arrivée sur une planète extérieure aux alentours de 2060. Et dans 30 millions d'années, jure Eric Jones, du Scientific Observatory de Los Alamos, la Galaxie entière sera humanisée.

Au cours du mois de juillet 1985, pour couronner le tout, le sénateur d'Hawaï, Spark Matsunaga, convié à Washington au colloque sur le vol habité vers Mars, propose de réaliser une mission américano-soviétique en 1992. Un moyen de fêter royalement le 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, ainsi que le 75, anniversaire de la révolution d'octobre. La crise à l'Ouest et l'effondrement à l'Est réduiront sensiblement l'ampleur des festivités. Aujourd'hui, tout le monde est redescendu sur terre. Obnubilés par l'état de santé de la planète et bridés par la maigreur des budgets spatiaux, les hommes n'osent plus lever les yeux sur d'autres Amériques.

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